Les histoires de la Baie

RECIT DE CHASSE

 

Un jour de l'an, il gèle à moins 18°C en Baie de Somme avec des vents de nord-est à 60km/h.Invité, j'ai raté ce formidable passage de oignes...

Les glaçons envahissent la baie, je décide malgré les températures largement négatives de tenter le coup au cercueil quelques jours plus tard. La petite marée me permet de me faire encercler et de profiter du flot.

 

Impossible de creuser le sable, le hutteau est donc posé et caché grâce à de nombreux blocs de glace, mon cercueil s'apparente à un igloo mais se confond à merveille dans le paysage blanchâtre, montagnard de la Baie de Somme.

Les appelants et les blettes disposés, la nuit tombe rapidement. Pas un coup de fusil aux huttes dont les mares sont entièrement gelées depuis plusieurs jours.

Mais j'y crois toujours, le flot arrive et je suis idéalement placé !

La mer monte, le courant se remplit lentement, plusieurs centaines de "Ringands" passent devant moi parmi des blocs de glace énormes. Le bruit de cette mini banquise est impressionant. Pourtant pas une "Oigne", ni un "P'nard" à l'horizon !

 

Le doute s'installe. Et là parmi les glaçons un canard plongeur apparaît, engourdi par le froid je parviens tout de même à l'abattre mais le courant l'emporte.

Je bondi de mon cercueil et décide de le suivre jusqu'à ce qu'il se coince parmi les glaçons.

Impossible de l'atteindre, le fond est trop important. Aprés une heure d'attente, la mer redescend, mons seul oiseau repart lentement.

Impuissant je n'admets pas de perdre ce gibier. Je décide donc de couper mes cordes de blettes, en les frottant sur une partie métallique de mon cercueil. Une fois reliées, je leste cette corde de fortune avec un poids à canard. Attaché fermement, je lance à mainte reprise mon poids et sa longue corde pour atteindre un bloc de glace et je parviens aprés de multiples tentatives à rapprocher de la berge l'oiseau tant convoité. C'est un superbe mâle adulte de Garrot à Oeil d'Or, une joie immense me submerge...

Afin de marquer à jamais ce moment inoubliable, c'est le seul oiseau naturalisé à la maison que j'admire chaque jour avec passion et fierté !!!

CRESSENT Jérôme

 

RECIT DE CHASSE

 

La scéne ce déroula le 20 juillet 1985 en Baie de Somme, lors de mon premier permis de chasser, dans une Baie qui m'était inconnue. L'orage avait tonné en début d'aprés-midi, puis le ciel s'était éclairci. Le temp était idéal poue se poster et attendre la marée haute sur les mollières sud. La baie était déserte, sans âme qui vive à l'horizon. N'étant pas très rassuré et n'y connaissant rien, je décidais de m'installer non loin d'une hutte.

Au fur et à mesure que le flot montait, le ciel s'obscurcissait, non pas de nuages mais de nuées d'oiseaux qui montaient du Crotoy.Surpris et interloqué, je m'interrogeais.

Leurs piaillements ressemblaient étrangement à ceux des chasseurs le jour de l'ouverture.Pas de doute ! C'était bien des gambettes ou pied-rouges. Ma surprise fut au comble lorsque ces essaims d'oiseaux, des milliers et des milliers de bouillards, commencèrent à tournoyer au-dessus de ma tête. Ayant repris mes esprits, j'ai cru bon de vider ma cartouchière en tirant au jugé dans les grappes qui passaient à portée. Quelle ne fut ma déception ! Au bout d'un quart d'heure, le canon était brûlant, plus une seule cartouche et en prime, un mal de tête épouvantable, sans un pied rouge au tableau. Ah ! Jeunesse, si on m'avait dit qu'il fallait viser...

Depuis ce jour, je cours toujours quand ces "maudits" bouillards arrivent l'été.

Malheuresement, la baie s'ensable, les mollières gagnent du terrain et leurs incursions se font de plus en plus rares, faute de crassins. Pourtant chaque fois qu'ils daignent nous rendre visite, ils nous procurent autant d'émotion, à condition d'y être ce jour là. Pour moi, ils sont le symbole de cette chasse de migration d'été, brève, inattendue et soudaine, que nous devons défendre coûte que coûte, en attendant qu'ils reviennent...

Hervé Bernard

LA THEORIE A TOTO

 

Plusieurs fois contredite, notammentpar mon ami Dominique Salesse, très sceptique, c'est une théorie toute simple, facile à utiliser mais très proche de la réalité. C'est une moyenne statistique sur la loi des grands nombres.

Fini les racontars ou les silences absolus avec ces sourires énigmatiques !

" Ils n'ont tué des sacs" "des ragoûts" "il a rin fé du tout" "ils disent te rien" "ces des minteux" etc...

Cette théorie fonctionne à l'écoute des coups de fusils tirés à la hutte et permet de connaître le prélèvement de la hutte voisine, à condition de ne pas sombrer dans les bras de Morphée comme mon ami Marco.

C'est imparable et met fin à tous ces conciliabules.Le principe ne s'applique que si le hutte tire au moins 2 fois et plus dans la nuit :

 

- 1 coup simple = 1 pièce

-1 doublé, rachevé ou pétarade, bordée etc... = 3 pièces

 

Bien mais si c'est un canardouze !

 

- 1 coup = 1 pièce

- 1 coup puis rachevé = 3 pièces

 

Exemple : " pas vrai, mi j'fé 4 bêtes d'un coup!" Quelle chance, puis le doublé suivant un blanc, ça arrive aussi... De ce fait, pour le voisin qui vous écoute

1 coup = 1 piéce puis le doublé = 3 piéces, soit un total de 4 pièces au final ce qui correspont au tableau.

 

Amusez vous, vous verrez que les nuits seront moins monotones et que, à une pièce près, vous avez le tableau de votre voisin de hutte.

Ceci dit, à partir de maintenant vous pouvez aussi faire "marronner" votre voisin en tirant à plusieurs reprises la nuit mais les cartouches sont chères et on a pas intérêt à faire trop de bruit, n'est ce pas !

Allez, bonne ouverture et bonne oreille.

Hervé Bernard 

 

 

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